Information Ouest-France du 06 mars 2020
Eric de Grandmaison
Basket : Cynthia Le Quilliec a cravaché pour arbitrer au « top »
À 24 ans, la Nazairienne arbitre au plus haut niveau du basket féminin. Son parcours exemplaire fait rêver mais n’est pas tombé tout cuit dans son escarcelle.
« Dans les grands matches, on se souvient des équipes, mais rarement des arbitres. » Et pourtant, Cynthia Le Quilliec a choisi cette voie-là. Son truc, ça n’est ni les podiums, ni la gloriole. « Je ne veux pas briller, simplement permettre aux équipes de s’exprimer sur le terrain », raconte cette pure passionnée.
Biberonnée au basket depuis la classe de cours préparatoire, Cynthia raconte que « notre instituteur à l’école Michelet de Saint-Nazaire, Monsieur Jego, organisait des journées basket. J’ai tout de suite adoré ça. » Son père, lui, fréquentait plutôt les tribunes des amateurs de football de Marcel-Saupin puis de la Beaujoire, « avec un gros faible pour les Canaris du FC Nantes ». Cynthia, elle, a choisi dès 8 ans de rejoindre l’école de basket.
« Huée en sortant »
Dix-sept ans plus tard, la brillante sportive, âgée de 24 ans aujourd’hui, s’est hissée au plus haut niveau d’arbitrage du basket féminin, la LFB (Ligue féminine de basket). Trois ans en région, deux ans en championnat de France : son parcours impressionne. Elle l’a gagné à force de volonté : « On ne m’a pas donné ma place. Je l’ai voulue, j’ai travaillé. »
Elle pourrait rajouter qu’elle en a bavé. Comme le jour de son premier arbitrage en championnat de France de basket-ball de Nationale masculine 1. Une vraie bérézina ! « J’ai très mal arbitré la rencontre Brissac-Bordeaux, avec à la clef une très mauvaise note. Je ne donnais pas les bons coups de sifflet, les joueurs s’énervaient : le mal était fait, j’ai été huée en sortant. » Une vraie tôle ! Elle a appris à se « blinder », « prendre du recul », « apprendre de ses erreurs ».
Un agenda de ministre
À la ville, Cynthia l’étudiante, sacoche noire et lunettes sur le nez, attaque son second master en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), après avoir obtenu un diplôme en gestion du patrimoine. Au basket, Cynthia arbitre, court, s’entraîne trois fois par semaine, joue avec des seniors pour garder la main, préside son club des « Fréchets » à Saint-Nazaire (220 licenciés) et coache les poussines. Et comme si ça ne suffisait pas, elle a accepté la responsabilité du pôle formation à la ligue. Les journées 6 h 30-minuit, ça n’est pas rare. Un vrai parcours d’endurance. Repos le dimanche ? « Pas une journée complète ! J’aime tellement ça que vous me retrouverez toujours dans une salle de sport. »
La prochaine marche sera haute. Cynthia voudrait entrer dans la cour des arbitres internationaux. Pas de Jeux olympiques pourtant cette année. « Je suis encore trop jeune ! Et puis, ma sœur va accoucher cet été, je serai marraine du bébé. Je n’irai donc pas au Japon. Ma famille, c’est tout pour moi ! » Cynthia sait remettre les choses à leur place : la réussite ne lui a pas donné la grosse tête, dans un monde encore très masculin. Alors qu’on célèbre ce dimanche, 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, elle conclut :. « J’ai de la chance : j’arrive dans un moment de l’histoire où l’on donne de la place aux femmes. »
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